Parler d’« amour » dans le monde professionnel peut sembler incongru, pourtant la réalité humaine des organisations démontre le contraire : nous aimons certaines personnes, nous en apprécions d’autres, et parfois… nous en redoutons quelques-unes. L’affection — au sens large — joue un rôle majeur dans l’engagement, la motivation et la fluidité des interactions au travail.

 

Mais lorsque ce sentiment se transforme en peur, en mépris ou en colère, la dynamique relationnelle bascule. Le climat devient pesant, l’énergie se disperse en auto-protection, et la relation professionnelle peut rapidement devenir un facteur de souffrance.

 

Comprendre comment une relation passe de l'affection à l’animosité, savoir évaluer le niveau de maturité de la relation et déterminer quel comportement adopter est essentiel pour préserver son équilibre psychologique et sa performance professionnelle.

 

Cet article apporte un cadre d’analyse et des pistes d’action concrètes pour faire face à ces situations délicates.

 

En bref

• Les émotions — y compris l’affection — font partie intégrante du travail.

• Quand une relation bascule dans la peur ou la colère, elle peut devenir toxique.

• La manière d’agir dépend de l’ancienneté et de la maturité de la relation.

• Une relation récente mérite d'être clarifiée avant d’être jugée.

• Une relation ancienne et délétère nécessite une réflexion profonde : rester ou partir ?

• Comprendre ce qui nous attache à un poste est essentiel pour sortir d’une relation destructrice.

 

 

1. L'affection au travail : un moteur méconnu mais puissant

Même si le terme “amour” peut surprendre en milieu professionnel, il renvoie à une réalité très humaine : l’affect influence nos relations, notre implication et notre bien-être.

Aimer travailler avec quelqu’un, se sentir estimé, reconnu ou soutenu par un collègue ou un supérieur crée un environnement :

• stimulant,

• rassurant,

• motivant,

• propice à la coopération.

L’affect positif nourrit l’engagement et la loyauté.

 

À l’inverse, quand cet affect se transforme en rejet, humiliation, indifférence ou peur, c’est l’équilibre professionnel qui vacille.

L’énergie n’est plus investie dans le travail, mais dans :

• la gestion des tensions,

• la protection personnelle,

• l’interprétation des comportements,

• l’évitement.

 

 

2. Quand l’amour devient animosité : comprendre la bascule

La bascule émotionnelle peut être progressive ou brutale. Elle se manifeste par :

• des remarques dévalorisantes,

• une froideur nouvelle,

• une perte de confiance,

• des comportements hostiles,

• un sentiment d’insécurité psychologique.

Cela entraîne une surcharge mentale importante, car la relation devient un terrain d’alerte permanent.
Face à cette bascule, une question centrale émerge : comment réagir sans se perdre ?

 

 

3. Agir selon la maturité et l’ancienneté de la relation : un critère essentiel

La manière d’agir dépend entièrement du type de relation que vous entretenez avec la personne concernée.

✅ 3.1 Une relation récente mérite une analyse approfondie

Il est naturel que les premières interactions avec un collègue ou un supérieur soient teintées :

• d’incompréhensions,

• de maladresses,

• de décalages de fonctionnement,

• de différences culturelles ou professionnelles.

Avant de qualifier la relation de “toxique”, il est nécessaire d’examiner :

• ce qui crée l’incompréhension,

• les non-dits,

• les attentes implicites,

• les interprétations faussées,

• le niveau de connaissance mutuelle.

 

Une relation récente peut encore évoluer si les deux protagonistes sont prêts à :
✅ dialoguer,
✅ être transparents,
✅ exprimer leurs besoins,
✅ faire preuve d’empathie,
✅ reconnaître les compétences de l’autre,
✅ ajuster leur fonctionnement.

Dans ce type de relation, la bonne volonté et la sincérité permettent souvent de désamorcer les tensions avant qu’elles ne s’installent.

 

✅ 3.2 Une relation ancienne, fragilisée depuis longtemps, est plus difficile à restaurer

Lorsque la relation se détériore depuis des mois ou des années, et que les tensions ne cessent de croître, la situation est différente.

Les questions clés à se poser sont alors :

• Pourquoi rester ?

• Est-ce la peur de ne pas retrouver un emploi ?

• Le poste est-il confortable malgré la relation difficile ?

• Les conditions de travail globales compensent-elles la souffrance relationnelle ?

• L’organisation vous offre-t-elle d’autres leviers pour évoluer ?

• Les raisons qui vous retiennent valent-elles encore l’énergie dépensée ?

Comprendre ce qui vous attache émotionnellement, matériellement ou psychologiquement au poste est la première étape pour sortir de toute relation toxique.

Un constat lucide s’impose souvent :
⇒ Une relation professionnelle destructrice ne se résout pas par l’endurance, mais par une clarification profonde de ses motivations et de ses limites personnelles.

 

 

4. Comment sortir progressivement d’une relation professionnelle toxique ?

Sortir d’une relation toxique ne signifie pas toujours partir immédiatement. Il existe plusieurs chemins possibles.

✅ 4.1 Engager un dialogue si un espace relationnel existe encore

Si malgré les difficultés, la personne est encore capable d’échange :

• expliquer votre ressenti,

• poser des limites,

• clarifier les attentes,

• nommer les comportements problématiques,
  peut parfois suffire à inverser la dynamique.

 

✅ 4.2 Solliciter un tiers (N+2, RH, médiation)

Quand la relation directe est trop détériorée pour avancer à deux, recourir à un tiers est une option pertinente.

Un médiateur permet :

• de clarifier les positions,

• de reformuler,

• d’apaiser la charge émotionnelle,

• de restaurer un cadre de communication sécurisant.

 

✅ 4.3 Réévaluer la place de ce poste dans votre trajectoire

Si la relation est réellement destructrice et que rien ne semble évoluer, il faut reconsidérer la pertinence de rester.

Les questions clés deviennent alors :

• Quelles sont mes priorités professionnelles ?

• Quelles alternatives réalistes puis-je envisager ?

• Suis-je en train de sacrifier mon équilibre personnel pour une stabilité illusoire ?

• Quelles compétences puis-je mobiliser ailleurs ?

Sortir d’une relation toxique peut être un acte libérateur.

 

 

5. Pourquoi comprendre ce qui nous attache est une étape décisive

La majorité des collaborateurs restent dans des situations toxiques parce qu’ils ne comprennent pas précisément ce qui les retient :

• sécurité financière,

• loyauté excessive,

• habitudes,

• peur du changement,

• attachement à l’équipe malgré une mauvaise relation hiérarchique,

• manque de confiance en soi.

 

Mettre des mots sur ces attaches permet :
✅ de reprendre le contrôle,
✅ de clarifier ses choix,
✅ de réduire la culpabilité,
✅ de préparer une action concrète.

 

 

Conclusion

 

Les relations professionnelles ne sont jamais neutres : elles peuvent nourrir, stimuler, équilibrer — ou, au contraire, fragiliser, épuiser et détruire. Une relation qui bascule de l’affection à l’animosité doit être prise au sérieux, sans précipitation mais sans déni.

 

La clé est d’analyser la relation à la lumière de son ancienneté, de sa maturité et de sa dynamique. Certaines relations récentes peuvent se transformer positivement grâce à un dialogue sincère. D’autres, ancrées dans des tensions chroniques, nécessitent une réflexion profonde sur ses motivations à rester.

 

Quoi qu’il en soit, comprendre ce qui vous attache est le premier pas pour vous libérer — et retrouver un environnement professionnel sain.

 

FAQ

 

1. Est-il normal d’éprouver de l’affection au travail ?
Oui. L’affect fait partie intégrante des relations humaines, y compris professionnelles.

2. Comment savoir si une relation est réellement toxique ?
Lorsque la relation consomme plus d’énergie qu’elle n’en procure, et qu’elle altère votre sécurité psychologique.

3. Une relation détériorée peut-elle être réparée ?
Oui, si elle est récente et si les deux parties sont prêtes à s’investir. Une relation ancienne et conflictuelle est plus difficile à restaurer.

4. Que faire si le problème vient de son manager ?
Analyser ses motivations à rester, solliciter un tiers, ou envisager une mobilité.

5. Quitter un poste à cause d’une relation toxique est-il un échec ?
Non. C’est souvent un acte de protection et de lucidité.

 

 

Envie d'aller plus loin ?

 

• Continuez sur ce sujet : " Comment garder son sang-froid après un uppercut émotionnel ? "

• Maitriser sa communication sous tension  : " Pourquoi lâchons-nous des informations sous la tension ?"

• Envie d'être accompagné ? Découvrez nos offres !